Comment lutter contre le réchauffement climatique en tant que gouvernement, entreprises et/ou individu ?

5/12/2022

L’année 2022 touche à sa fin et elle est déjà l’année la plus chaude jamais enregistrée en France[1]. Le réchauffement climatique est un défi majeur qui nous concerne tous. L’été 2022 témoigne de l’urgence de la situation : vagues de chaleurs, incendies, sécheresse,… Ce mois d’octobre a également été le plus chaud jamais enregistré en France avec des températures allant jusqu’à 33,8°C[2]. Face à ces constats, l’humanité entière a sa responsabilité et peut agir à son échelle. Il existe des solutions et nous appelons le gouvernement, les entreprises et les particuliers à les considérer.

Comment le gouvernement lutte contre le réchauffement climatique ?

Encore trop peu d’actions concrètes et d’engagement de la part de l’Etat

La COP27 s’est achevée récemment et encore une fois une frustration s’installe. Les gouvernements prennent-ils réellement la crise climatique au sérieux ?

Ni la France, ni les autres pays du monde n’ont mis en place des actions assez ambitieuses pour respecter l’Accord de Paris. Pourtant, ce sont bien 196 pays qui se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici la fin du siècle[3].

En 2020, les émissions de gaz à effet de serre avaient baissé de plus de 5% dû à la pandémie ; elles ont ensuite très rapidement retrouvé leur niveau d’avant-crise[4].Si nous souhaitons respecter l’Accord de Paris, il faudrait pourtant que nos émissions baissent de 5% chaque année (soit l’équivalent d’une crise covid en plus chaque année)

Nous l’avons déjà fait alors nous en sommes capables. Il a fallu changer nos modes de vie et une certaine adaptation mais cela montre que ce n’est pas impossible et que non, ce n’est pas trop tard pour agir.

Une planification sérieuse de l’Etat pour lutter contre le réchauffement climatique

Nous demandons alors au gouvernement une planification sérieuse pour diminuer chaque année, de 5% nos émissions de gaz à effet de serre, le but étant d’arriver à zéro émission nette en 2050[5].

Des experts ont déjà proposé des solutions comme le think thank The Shift Project avec Le plan de transformation de l’économie française ou l’association négaWatt avec son scénario mettant en avant « La transition énergétique au cœur d’une transition sociétale ». Le GIEC travaille également sur un programme de planification stratégique.

Tous sont d’accord sur une transformation en profondeur de notre système actuel sur tous les plans, dans tous les secteurs.

L’énergie fait partie des sujets majeurs : ce secteur est actuellement responsable d’environ trois quarts des émissions de gaz à effet de serre produites[6]. Une transition écologique sans la sortie des énergies fossiles est alors inconcevable alors que c’est un point aucunement mentionné dans le texte de la COP 27. La situation actuelle avec la guerre en Ukraine montre que nous devons devenir indépendant en énergie. Les prix du carburant augmentent et la question se pose : tous les français doivent-ils posséder une voiture ? Pourquoi ne pas repenser un modèle de société qui repose sur l’économie de la fonctionnalité ? Celle-ci consiste à privilégier l’usage plutôt que la vente d’un produit[7].

Nous concevons que les sujets du climat et de l’environnement sont de plus en plus prégnants dans la politique. Cependant, si l’ensemble de la politique et des Ministères ne basent pas toutes leurs stratégies sur ces piliers alors rien ne pourra changer. Tant que les gouvernements n’auront pas compris que la situation climatique doit être au centre des décisions, et non pas un sujet parmi d’autres, nous ne pourrons pas respecter l’Accord de Paris.

La couverture du Times du 26 avril 2021. – ©Times

Le gouvernement a pour rôle de sensibiliser les citoyens aux questions environnementales ainsi que climatiques. Dans ce sens, il doit également promouvoir un mode de vie plus sobre qu’il doit bien sûr appliquer pour être crédible. D’après le dernier rapport du GIEC, changer nos habitudes permettraient de réduire de 40 à 70% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050[8]. Cette sobriété doit concerner autant les personnes morales que physiques.

Il faut agir, bien et vite.

Quelle est la place des entreprises sur le changement climatique ?

Les entreprises au cœur du défi climatique

La transition vers une économie bas-carbone est nécessaire.

Dans ce contexte de transition climatique, les entreprises se trouvent au centre de l’attention : les consommateurs souhaitent voir les entreprises s’engager et proposer des produits plus verts, les investisseurs sont attentifs au risque de déclassement de leurs actifs ainsi qu’à la recherche de placements écoresponsables, les salariés attendent également de leur société qu’elle intègre des objectifs sociaux et environnementaux à leur stratégie avec une « raison d’être »[9].

Une règlementation en ce sens existe et s’enrichit au fil du temps.

Un nombre croissant d’entreprises annonce publiquement leur volonté de devenir neutre en carbone. Elles vont alors soit réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et/ou les « compenser » en finançant des projets bas-carbone. Dans ce deuxième cas, certains y voient néanmoins un « droit à polluer »[10].

Des engagements sociaux et environnementaux nécessaires

Les entreprises peuvent atténuer leur empreinte carbone et s’adapter aux changements climatiques de différentes façons.

Mesurer ses émissions de gaz à effet de serre permet de prendre conscience de l’impact de son entreprise sur l’environnement. Le bilan carbone est un bon outil créé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et l’Association pour la transition Bas-Carbone (ABC) pour évaluer la quantité d’émissions directes et indirectes de GES émises par son activité.

La planification est ensuite une pratique primordiale pour concrétiser ses ambitions en les transformant en actions.

Enfin, la qualité de « société à mission » permet d’aller au bout de ses engagements en se questionnant sur les raisons de l’existence de son entreprise. Dans un monde durable, une société qui a simplement vocation à générer de l’argent devrait être interdite. Une entreprise doit répondre à des enjeux sociaux et environnementaux. Il faut alors commencer par se demander ce qu’elle a envie d’apporter pour amorcer le changement.

Quelles sont les solutions individuelles pour limiter le réchauffement climatique ?

Une empreinte carbone moyenne des Français trop élevée

D’après le Ministère de la transition écologique, les émissions de carbone des Français s’élèvent à 8,9 tonnes équivalent CO2 par personne en 2021[11]. C’est un chiffre qui reste relativement stable depuis 1995 ; or, il est incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. En effet, d’après le GIEC, chaque individu sur Terre doit émettre un maximum d’environ 2 t de COpar an entre aujourd’hui et 2100 en prenant en compte l’évolution de la population mondiale et en respectant une répartition strictement égalitaire[12]. Alors, si nous voulons être maître de notre destin et vivre dans un environnement convenable, à nous de jouer pour atteindre ce quota.

Objectif 2 tonnes CO2 par an par habitant

La première action à effectuer en tant que citoyen est de s’informer et de mesurer son empreinte carbone afin de prendre conscience de son impact sur l’environnement et de réfléchir à un plan d’action pour pouvoir le diminuer. Il existe un très bon outil imaginé par l’ADEME nommé « Nos Gestes Climat » que nous vous conseillons.

Certaines habitudes doivent être modifiées. Et ce, sur tous les plans.

Au niveau de l’alimentation, il est recommandé de manger moins de viande. En effet, d’après l’ADEME, un repas à « dominante animale » (steak, jambon, fromage) émet environ 7kg de CO2 alors que pour un repas végétarien, c’est seulement 510g de CO2 qui sont émis[13]. De même, il est préférable de choisir des aliments locaux et de saison.

Concernant la mobilité, mieux vaut davantage utiliser l’énergie de son corps pour se déplacer et votre santé vous remerciera ! Il est également important de prendre l’avion le moins possible. Plus cet effort sera collectif et plus il aura d’impact car le nombre de vols diminuera. A titre de comparaison, un trajet Paris-Brest réalisé en avion dure 1h15 et émet 82,3kg de CO2 ; le même trajet effectué en train dure 3h25 et émet seulement 1,2kg de CO2[14]. Le train émet environ 70 fois moins de CO2 pour un trajet comme celui-ci.  

Même au niveau de ses loisirs, chaque usage pèse plus ou moins sur l’environnement. L’accès à la culture s’est digitalisé et le principal paramètre à prendre en compte est l’intensité d’usage d’après l’étude de l’ADEME nommée « évaluation de l’impact environnemental de la digitalisation des services culturels ». Par exemple, la lecture d’un roman de 300 pages format papier possède un impact environnemental plus faible qu’une liseuse seulement si celle-ci a permis 10 lectures par an et que le livre n’a pas été réutilisé[15]. Comme évoqué précédemment, choisir une économie de la fonctionnalité permettrait de réduire drastiquement les émissions de GES en allongeant la durabilité d’un produit : il évolue selon la demande et est réutilisable par plusieurs utilisateurs de manière successive[16]. A nous de sortir de la logique de posséder en tant qu’individu. Par exemple, il n’est pas nécessaire de stocker un appareil à raclette toute l’année alors que nous nous en servons que 10 fois. En tant qu’individu, c’est également notre rôle de s’interroger sur notre façon de contribuer à la société. Lorsque nous travaillons dans une entreprise, il est important de se questionner sur l’impact de son métier et de son secteur sur l’environnement. Nous pouvons réfléchir à comment donner de son temps pour servir les enjeux sociaux et environnementaux. De plus, en s’informant et en se formant sur ces sujets, nous développons des connaissances pour embarquer un peu plus tout notre entourage dans ce genre de questionnements. Le climat est une chose très complexe à appréhender, mais ce qui est beaucoup plus concret c’est la biodiversité. Et ces deux entités sont intimement liées. Les espèces animales et végétales façonnent leurs écosystèmes et ces écosystèmes permettent une bonne régulation du climat. Protéger la biodiversité c’est agir contre le réchauffement climatique. A ce niveau, tous les acteurs peuvent et devraient agir : aussi bien les gouvernements que les entreprises et les particuliers. Les retours sont beaucoup plus concrets sur des actions de restauration de la nature par rapport aux actions de réduction des émissions de CO2. Cela peut donc contribuer à une plus forte implication générale. En effet, nous pouvons facilement imaginer une personne décidant de promouvoir la biodiversité sur son jardin et son voisin s’y mettre au vu du résultat. Imaginons cela à l’échelle de villes, départements ou régions entières ; l’effet d’entraînement serait encore plus fort. Comme nous l’avons vu, chaque partie est intrinsèquement liée car c’est finalement chaque citoyen qui compose la société. Les pouvoirs publics doivent impulser la transition bas-carbone en planifiant, les entreprises sont occupées d’individus qui veulent que celles-ci s’engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique et dans leur vie personnelle, les modes de vie doivent être adéquats. Répondre au défi climatique demande finalement des changements de mode de penser et de comportements. Si chacun agit à son échelle alors l’impact sera démultiplié.

Rédigé par Julien Hamon et Lauriana Hok

[1] Geo avec AFP, 30/11/22, https://www.geo.fr/environnement/record-de-temperature-2022-est-deja-lannee-la-plus-chaude-jamais-mesuree-en-france-212764

[2] Franceinfo, 01/11/22, https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/meteo-le-mois-doctobre-le-plus-chaud-jamais-mesure-en-france-jusqu-a-33-8-degres-enregistres-a-orthez_5451808.html

[3] Organisation des Nations Unies, s.d., https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris

[4] MARCHAND Leïla, 02/03/21, https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/energie-les-emissions-de-co2-rebondissent-fortement-apres-laccalmie-historique-liee-au-covid-1294588

[5] Organisation des Nations Unies, s.d., https://www.un.org/fr/climatechange/net-zero-coalition

[6] Ibid.

[7] Ministère de la Transition énergétique, 07/02/19, https://www.ecologie.gouv.fr/leconomie-fonctionnalite

[8] GIEC, 04/04/22, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2022/04/IPCC-AR6-WG-III-PressRelease-French.pdf

[9] CCI, 01/21, https://www.cci.fr/sites/g/files/mwbcuj1451/files/2021-06/Les%20entreprises%20face%20au%20d%C3%A9fi%20climatique.pdf

[10] Ibid.

[11] La Rédaction de Vie publique, 14/11/22, https://www.vie-publique.fr/en-bref/287060-empreinte-carbone-francaise-une-diminution-de-9-depuis-1995

[12] Ministère de la Transition écologique et Solidarité, 01/20, https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-01/datalab-essentiel-204-l-empreinte-carbone-des-francais-reste-%20stable-janvier2020.pdf

[13] ADEME, s.d., https://bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?repas.htm

[14] BERTRAND Marie-Noëlle, 22/01/21, Empreinte carbone de l’avion et du train : en France, il n’y a pas photo | L’Humanité (humanite.fr)

[15] ADEME, 17/11/22, https://presse.ademe.fr/2022/11/streaming-vs-cd-ou-dvd-liseuse-vs-livre-papier-quels-sont-les-impacts-environnementaux-de-la-digitalisation-des-services-culturels.html

[16] Novethic, s.d., https://www.novethic.fr/lexique/detail/economie-de-fonctionnalite.html

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